32. Nocturne du précurseur sombre
Au ciel assombri ce soir je cherche vainement
Mon Étoile
(Y en eut-il jamais une ? Aucun astronome
En tout cas n'a pu me la montrer ! J'ai su où était
La Porte des Hommes, et le Lynx, et l'Hydre, et le Lion,
Les Gémeaux, Al Tarf et Acubens, le Petit Chien,
Mais pour moi, rien d'autre qu'un océan de vide obscur !)
Seule la Lune avec sa face de chinoise
Énigmatique et attristée
Incline vers la terre son regard compatissant
Et comme Patachou dans l'histoire de mon enfance
Je fais semblant de croire
Que ce regard est pour moi et que l'astre argenté a le souci
De m'accompagner partout
Ce qui déclenche par moments dans les feuillages proches
De murmurants frissons de sollicitude
On dirait quelque berceuse aux paroles oubliées
(On se sent moins abandonné, dans l'amitié des arbres!)
Ce soir au ciel assombri
Vainement je cherche mon Étoile
Une étincelle... Un clignement infime au bord de l'infini
Froides comme après la ciguë mes jambes tremblent
A cause de ma quête une angoisse monte de la terre et m'envahit :
Un genre de « précurseur sombre » analogue à celui qui se prépare à rencontrer
La foudre étincelante
Après laquelle toute nuit s'avère encore plus dense
Plus effrayante et – je le sais ! - plus absolue.