26. Nocturne du chaos
Trahi par la réalité au cœur de cette nuit profondément déserte
Que seul tu ressens comme illuminée
Tu réponds de tous tes poèmes à l'illusion du monde
À la feinte de l'explicable À la forfanterie de tous ces savants
Dupes d'eux-mêmes qui prétendent avoir résolu des énigmes
Et par autosuggestion s'encouragent à penser qu'ils vont connaître
Demain ou plus tard les secrets du fonctionnement insensé de l'univers
Ce qu'enseigne la nuit, c'est qu'on peut tant qu'on veut jeter
La lumière la plus crue au-milieu des ténèbres
Faire apparaître un instant une chose puis une autre en général
Ininterprétables et déboutant nos efforts pour leur conférer une
Quelconque signification ou se persuader de la logique des dieux
Ou des « lois » scientifiques
On peut tant qu'on veut mettre une vie entière d'énergie
À dissiper l'inéclairci À souffler à travers le brouillard comme si
Sa poussière liquidé était du kérosène et pouvait s'allumer
D'un coup dans une immense explosion d'intellection cosmique
Comme si l'intelligence pouvait demeurer au cœur du sens
Plus longtemps qu'une main sur la plaque à blanc de la cuisinière
Fadaises que tout cela Les plus beaux échafaudages de «vérités»
Bouddha Jésus Platon Mohamed et tous les autres
Comme a dit un poète invariablement
Aboutissent à ce que nos merveilleux édifices de pensée
Soient chaque fois reconduits à l'Inéclaircissable