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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 13:18



 

27. Nocturne d'Achille

 


 

 

Sa casquette bleue de pêcheur sur la tête, il m'est apparu

Dans la nuit tel qu'à l'île d'Andros : « Tu dors, Achille, et tu m'oublies... »

Dit-il. « Pourtant tu dois le garder, ce trésor caché dans la cella secrète

Du temple construit de nos mains au prix de tant de peines...

Et du t'apprêtais étourdiment à y laisser entrer les Achéens ?

Les mêmes qui par ruse ont incendié Ilion et laissé

Les Turcs l'appeler Hissarlik ? Les mêmes qui ont fui

Smyrne et perdu l'Aghia Sophia où l'on entend gronder avec aigreur

le muezzin ? Et tu prétends que tu serais « fils de la Grèce » ?... »



La voix était si grave qu'elle m'a fait jaillir de mon sommeil

Assis brusquement sur mon lit le cœur battant

J'ai sondé les ténèbres du regard Personne

Et la voix dans ma tête résonnait encore : « Tu dors, Achille,

Et tu m'oublies... Moi qui te disais que je t'aimais lorsque j'avais déjà

Un pied dans la tombe ! » Il avait rajusté sa casquette usée

S'était retourné d'un bloc et enfoncé dans la noirceur de jais

De ténèbres épaisses comme un rideau ou comme une chevelure



A l'extérieur on entendait siffler ainsi que des serpents

Les véhicules qui passaient dans la rue et s'éloignaient

Quatre heures du matin Dans la maison silencieuse

J'ai allumé une veilleuse rouge

Qui donnait à la chambre une clarté de chapelle



Et j'ai relu en pleurant tout le courrier qu'Ulysse m'avait envoyé

Au cours de son mortel périple.





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