28. Nocturne du 12/07/1969
À vol d'oiseau l'océan rongeait son frein à trois cents mètres
On l'entendait nettement renâcler dans la nuit comme un brontosaure invisible
Derrière les maisons sous le grand clair de lune acagnardées
La fenêtre ouverte laissait voir à la lumière de la chambre
Les cédrats dans le noir astres acides et jaunes
Qu'une branche curieuse approchait pour d'un peu de fraîcheur
Éclairer le poème que je griffonnais à mon bureau
Inspiré du parfum ambré des daturas dont pendaient
Les cloches blanches qui par accords pénétrants déployaient
Leur muette harmonie jusqu'au fond des ténèbres
J'en voyais dans les airs le silence sinuer telle une aurore boréale
Avec son cortège de rêve et la note d'encens qui toujours accompagne
Les mystères de l'univers
Et je pensais qu'au même instant cerné d'un sol couleur de cendre
Que nul encor n'avait jamais foulé
En regardant à l'horizon se lever le clair de Terre
L'Homme était en train de faire ses premiers
Pas sur la Lune