25. Nocturne de la Solitude Irrémédiable
À ton âge il n'est plus temps au cocon de l'Obscur
De vouloir autre chose que te réfugier dans ta solitude
Le fil de soie autour de toi enroulé devient si complexe
Qu'il ne vaut pas de le briser pour t'échapper sous forme de paon du jour !
Tu es de ceux qui dans la nuit regardent filer dans la plaine
Les grands trains illuminés ou traverser le ciel vers d'autres continents
Des avions encore étincelants dans le soleil alors que sur terre
Depuis longtemps déjà on n'y voit plus à un mètre devant soi
Passez passez étoiles ! Rayez le ciel de vos blessures métalliques
Percez l'infini de vos lumières sidérales
Tremblantes je vous regarde en tremblant
Poète je ne puis échapper à la terre et à sa matière sombre
Que ne traverse aucune idée aucun sentiment et que mes mots
Ne font qu'effleurer extérieurement ainsi que les fantômes
De ceux qu'on a aimés lorsqu'ils tendent leurs mains suppliantes
Vers notre cœur et traversent notre poitrine
Sans que l'on n'éprouve aucun toucher dans notre chair
Oui, tu es vraiment « ...comme la lune » et nul ne peut comprendre
Cette solitude autour de toi serrée et resserrée autant que toile d'araignée
Autour d'un insecte mourant qui serait l'épeire elle-même
Cette solitude que l'amitié la plus intense ou l'amour le plus brûlant
Ne sauraient désormais consumer
Et qui te laisse suspendu dans la nuit englué parmi les divers
Fils embrouillés de tes rèves dont plus aucun de toutes façons
- Tu le sais et tu y consens - ne te mènerait nulle part