Quand le ciel outrenoir de la nuit
Suscite de ces rêves sans désir
Au long desquels se présentent des visions
D'étranges villes lointaines avec des rues
Qui te semblent familières Des livres
Et des journaux déposés au petit-jour sur le seuil
Des maisons Des passants hâtifs ou flâneurs
Ou les bras chargés de sacs aux sigles colorés
Ou des femmes aux chevelures balançant
Dans le dos d'une silhouette exquise lunettes de soleil
En diadème et chaussures à talons démesurés
Achevant leurs jambes
Sveltes comme certains moments musicaux de Schubert
Au long desquels le corps ne semble plus toucher terre
Quand en somme la nuit tu t'éveilles de l'autre côté
De ce qu'on nomme communément réalité
Comment savoir
Comment savoir que ce monde où tu écris à présent
Existe davantage qu'un autre
Et que tes tribulations et tes surprises dans des villes
Radicalement lointaines Ce sentiment d'être dans un vrai pays
Que tu éprouves alors Ce sentiment de sacré qui plane
Dans les rues de ton expérience nocturne
Ce bruit du vent dans les tamariniers Ces parfums exotiques
Ce bonheur de rencontres joyeuses Regards profonds
Visages inconnus au "réveil" mais familiers
Comment savoir que tout cela n'est pas l'authentique
"Monde réel" tandis que celui où tu vis à cet instant
Ne serait que la fiction d'un esprit enfiévré
Qui croit s'être - en exil - éveillé avant le soleil ?
Que