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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 14:32

 

 

                                            L'oiseaurore

 

Ciel et mer, telles deux mains bleues ouvertes sur l'envol doré d'une invisible colombe !

 

(Tant de gens ont passé sur mon visage : on dirait cette photo d'identité, que sa chute d'une poche a empoissée dans l'asphalte encore frais du couloir souterrain, au métro Havre-Caumartin...

 

Elle s'y est incrustée, la face est devenue celle du hasard, presque effacée par toutes les semelles des gens pressés qui ont posé le pied à cet endroit !)

 

Me traversent les mots “complainte de la Secrétaire de Paradisky”, qui jadis eurent pour moi du sens et n'en ont plus. Dans ma mémoire, comme feuilles mortes qui brûlent ou mains qui se ferment, se recroquevillent des images de montagnes ennneigées.

 

Mais ce matin : ciel et mer, telles deux mains bleues ouvertes sur l'envol doré d'une invisible colombe !

 

La nuit tombait lorsque nous franchissions les grilles de la grande maison : moteur coupé, la voiture s'arrêtait sous le lumignon clarteux de la cour, noyé parmi le lierre qui tapisse la façade.

 

Dans un silence nouveau nous posions nos pieds engourdis sur le gravier tardif en prenant conscience du ressac de l'altitude occulte dans les pins.

 

Et le matin : ciel et mer, telles deux mains bleues ouvertes sur l'envol doré d'une invisible colombe !

 

(Tant de gens ! Là où l'oiseau s'efface, où l'immaculé a conservé cimes et signes, ainsi qu'une sorte d'inhumaine et froide joie sur un visage jusqu'alors terne et mélancolique...

 

Joie que ne saurait masquer le secret d'une rencontre avec l'amour : là, sur le sommet, en une avalanche de parfaite blancheur, la mort souhaitable, en plein sommeil !)

 

Dans un silence nouveau, un vieil enfant, les pieds campés dans cette pulvérisation des choses qu'on appelle sable, écoute son aïeule aux mouvements turquoise lui réciter le « diable de Papefiguière » avec force enjolivements d'écume.

 

Ah ! Le matin : ciel et mer, telles deux mains bleues ouvertes sur l'envol doré d'une invisible colombe !

 

 

 

 

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