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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 12:28

 

 

“Horrible travailleur”

 

 

Tel, devant son bloc de marbre informe, un ciseau d'une main, son maillet dans l'autre levé pour un coup cadencé, le sculpteur entreprend de dégauchir l'élan d'une invisible figure,

 

Il veut, comme le vent et la mer, mais plus vite, obtenir la forme en lui-même enfouie dans une profondeur dont son corps s'enveloppa, depuis le jour de sa naissance, en rêvant.

 

Telle une proue de rocher se tord à l'extrême des calanques, assaillie bruyamment par les frappes incessantes de l'écume, une lave ancienne et vitreuse surgit du percuteur qui réveille la pierre : des veines pourpres ou vertes attendent, ainsi qu'agathes, le moment de la patience polisseuse.

 

La victoire sera-t-elle sans tête, les ailes sauront-elles pétrifier suffisamment le vent, ce corps du désir, dans les plis des embruns ? Son visage, sa chevelure, à toi de les imaginer, lecteur, lorsque les mots auront assez creusé la page blanche pour qu'en toi s'insinue la distance qui nous séparait !

 

Selon les uns laideur, selon d'autres beauté, ou fascinante horreur, moquerie, inanité sonore, le marbre résonne cependant du puissant murmure de la mer, ainsi que ces conques immenses des abysses que grossit encore la loupe des ondes.

 

Alors, j'appelle ton regard, mon amour, pour qu'il cisèle d'une pointe aiguë son jugement solaire, tandis qu'autour et au-dessus de nous, nos âmes au zénith fusionnent dans un spectre éblouissant et mystérieux de Belle-au-bois-dormant.

 

 

 

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