19. Nocturne des amants
La lumière de la lampe file son or dans tes boucles
De ce que tu murmures même la nuit curieuse n'entend rien
Tant tes lèvres sont près de mon visage
Et moi même hypnotisé je n'entends que la musique de ta voix
Le sens des mots n'y rajouterait rien
Je respire ces cheveux ainsi que la senteur de fougères
D'une aurore au fond de la forêt
Soudain surgissent les mers les montagnes Parois géantes
Tes joues lisses et l'arête de ton nez Le choc et le vertige
Soudain de ton regard qui s'est accroché au mien
Cet iris vert immense avec le trou noir de la pupille
Par lequel mon image entre dans ton esprit
Un lent frémissement saisit la nuit entière et accélère
On sent que s'éloigne le sol avec la pesanteur qui augmente
En s'affaiblissant La sorte de saisissement qu'on éprouve
Lorsqu'un tapis volant décolle - j'imagine !
Puis de part et d'autre ces tracés phosphorescents qui défilent
Dans une rumeur d'amour sont des étoiles par milliers
Elles jaillissent de la nuit artésienne et moi avec elles
Ton joli corps m'accueille ainsi qu'un arbre dans sa fourche
Offre un refuge à quelque emplumé solitaire
Alors qu'un vent fou secoue le monde entier au-dessous de lui
Et qu'un grand ange de cristal éperonne nos chairs jusqu'à l'oubli