18. Nocturne du triangle bleu
Comment la nuit intéresserait les jeunes gens autrement
Que dans l'éruption lumineuse et l'incendie des corps
Ils ne rêvent que lèvres, frissons, regards troublants, mains jointes
En attendant des jonctions plus intimes et plus éblouies
Délices du reproche et du malentendu cultivés avec soin
Puisque de leur terreau surgit la fleur de réconciliation
Invisible jasmin des oreillers et des « lits pleins d'odeurs légères » !
Toutes ces nuits jonchées d'interjections « monstre » « sans coeur »
« Menteuse » « cruelle » et de « tu ne m'aimes pas vraiment »
« Moi je ne pourrai pas vivre sans toi » - « Prouve-le ! »
Ces nuits où les objets n'existent plus qu'à peine en témoins silencieux
Au cœur d'un brouillard de suie qui commence au-delà
De la bulle de clarté close sur « nous deux »
Ma main sur ton sein La tienne errant ainsi qu'au jardin
Quand je te regardais caresser les figues emperlées
D'universelle rosée
Depuis envers et contre les heures les plus obscures
Songe qu'au fond de nous comme un voilier à l'horizon
Dans notre for intérieur il reste un irréductible
Petit triangle commun de ciel bleu