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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 08:41

 

 

14. Nocturne des ivrognes



On voit la vie si rose quand on est charbonnier

Avec une foi d'alcoolique ! J'ai connu un type qui

Chaque fois qu'il était gris, disait : «Il y a un Dieu

Pour les ivrognes !» Puis braillant des grivoiseries

S'en allait titubant à travers le soir, tombait parfois et s'endormait

Sur un talus ou dans un caniveau sans s'être jamais rien

Cassé... D'autres même en plein jour voient tout en noir

 

Et leur réalité que rayent par moment des rires jaunes

Ressemble à une guêpe opiniâtre et lancinante

Surtout la nuit lorsqu'il se fait un lent silence

Sur toutes choses, que chaque objet vous regarde


Sans yeux, et que le papier blanc sympathique buvard

Profitant de la chaleur cherche à révéler vos pensées !

 

Sur le gravier de l'allée qui mène au seuil nous reviennent

Les pas crissants des disparus mais inutile

D'aller ouvrir la porte : sous l'arche de l'auvent il n'y aura

Que le sourire triste de la lune et fermant le jardin la haie des bambous obliques

Qui balancent à la moindre brise leurs profils fantomatiques.



La chouette laconique et régulière hulule

Toutes les trois minutes

Comme un reproche aux insomniaques trop diserts

Qui griffonnent des poèmes à longueur de pages

En se figurant qu'ils ont à remplir de phrases immortelles

Des feuilles qu'ils ne feront lire à personne et jetteront demain

Sitôt que sera de retour la lucidité de l'aube

 

 

Qu'importe ! La verdeur glauque de la poésie est ton absinthe,

A ta manière ainsi que d'autres tu en as intoxiqué ta foi :

On pourrait bien prétendre au fond

Que les ivrognes et toi avez la même religion !





 







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