A la veille d’appareiller
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Un ultime regard vers la maison éclairée sur les hauteurs de la colline
La lucarne sombre cadre la pente dorée à la manière d’un tableau
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Fini de s'endormir et s'éveiller dans la présence vivifiante de la mer
Bercé tel un ramier sur l'élasticité vaguement instable de l'air
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Qu’on éteigne toutes ces étoiles de rosée Il va être temps de partir
Déjà certains oiseaux ont changé On entend partout des cris ignorés
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Il fait grand jour et pourtant un enfant en moi galope dans la nuit
On dirait qu’il a tous les chiens invisibles du vent à ses trousses
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Serait-ce que mon corps est habité d’un autre et ne concorde pas
absolument avec lui-même l’un fragile souple et vif l’autre viellard
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L’un dont s’est pour toujours détourné la pieuvre au bras de lumière
L’autre qui se débat au coeur d’un buisson de cristal semé d’églantines
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Qu’on éteigne ces fleurs dont l’aurore impitoyable sème la splendeur
Je veux rester seul avec ce moi dont j’opère sans fin les douleurs