À contrinsomnie
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Laisse glisser sur toi sans lui donner prise
la malfaisante obscurité des nuits
N'offre pas tes pensées à ses multiples chemins
T'incite-t-elle a pénétrer sous le couvert touffu
de ses ramures — n'y va pas ! — Certes
tout à fait inoffensifs sont ses fantômes et chimères
Un souffle d’éveil disperse leurs oripeaux de brume
et les extravagances bariolées de houppelandes
qui croient t’effrayer en s’écartant pour des visions
de spectres aux orbites caverneuses et de côtes
de squelettes nues aux luisances d’ivoire
N o n – stop ! Tends en avant ton esprit en étoile
comme une main qui veut conjurer le sort
et détourne-toi vers le chemin radieux de la
Lumière Noire qui bientôt va poindre à l’orient
parmi les blancheurs laiteuses des aubes
semant sur la sérénité des eaux immenses
une infinité de blancs sourires qui viennent vers toi
avec ce même parfum chuchotant de rouge à lèvres
de tabac et de poudre de riz que bien après
minuit tu respirais lorsque dans un songe velouté
tu entendais ta mère de retour d’une soirée tardive
se pencher sur ton sommeil pour un dernier baiser