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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 13:03

VirginieET.jpg  

 

Un tabac de Virginie

 

 

1.

 

C'est comme d'avoir retrouvé un fragment

De vie qu'on avait perdu et le cœur bondit au point

qu'on craint que la joie ne le brise

 

Au miroir d'un regard le puzzle du monde reprend

Chaque pièce de son image

Comme un rêve reconstitué sur lequel une lune brillante

Est suspendue

 

Et voici qu'on aime la nuit à visage de jeune fille

Fraîche et pure comme si c'était notre enfant

Avec ses petites nattes d'autrefois

Son rire malicieux et son amour sans limites

 

Alors on ressent le besoin de dire à tout ce passé

Qu'une brune lumière vient tout d'un coup

D'éclairer

Que l'on n'en veut plus à la vie et qu'on se sent capable

Désormais de mourir en paix

 

 

2.

 

Dans ses yeux d'enfant simple

On croit voir miroiter des choses insondables

Comme au regard des poupées qu'habiterait un ange

Et qui soudain posées sur un canapé pourpre

Se mettraient à parler

 

A dire des choses qui bouleversent à travers

Ses longs cheveux en souriant

 

Et chacun regarde en se demandant s'il est possible

Que cette figure miraculeuse

Soit vivante

 

Et quand on la prend dans ses bras

Qu'on a envie de la bercer ainsi qu'un nouveau-né

On sent qu'elle est souple avec du vrai sang qui circule

Sous sa peau tiède et chargée d'émotion

 

 

3.

 

Telle est la poésie

Qu'on l'aimait déjà tellement avant de la connaître

 

Qu'on ignorait si l'on allait la rencontrer jamais

Entendre sa voix vive au timbre pur comme un gong

D'argent où serait dessiné une spirale infinie

Et qui résonne au fond de nous

Ainsi qu'au temple du cœur où défilent les souvenirs

En robe couleur safran

Comme une procession de moines zen à l'aube

La barre de métal qui fustige les échos

 

Jusqu'aux plus hautes neiges des hautes montagnes

Là où seul les anges vêtus d'un plumage d'hiver posent leur pied

Dans ces instants où soufflent les tempêtes

Et où l'on ne peut les voir

 

À l'instar de celui qui s'assit à côté de moi parmi les météores

Hier soir Alors qu'il bruinait du champagne sur la table

Parmi la pagaille des plats exquis assaisonnés

D'un ouragan de bonheur

 

 

4.

 

Avec une cocarde au front de grands yeux transparents

Elle fait la révolution

D a n s o n s   l a    C a r m a g n o l e

 

Tout ce qui était prévu du processus habituel s'est trouvé

Fracassé comme une banquise par un brise-glace

 

Juste une enfant l'air grave avec une cocarde au front

Bleu blanc rouge et de grands yeux transparents

Au fond desquels palpitait ainsi qu'une petite étoile

Son âme intacte

 

Comment ne pas aimer le monde à travers ces yeux purs

Sur lesquels veillent d'autres yeux

Des yeux de mère aimante ou peut-être d'un grand oiseau secret

Dont les ailes de cristal renaissent indéfiniment

Sur un autel de flamme

 

Tout ce qui était prévu du processus habituel

Fracassé comme une banquise par un brise-glace

 

D a n s o n s   l a   C a r m a g n o l e

 

 

 

5.

 

Nous l'avons serrée entre nos bras en lui disant adieu

Mais en sachant que c'était seulement un au-revoir

 

Que seule une barrière de vent pourrait nous séparer

Avec son bruit de « train à grande vitesse »

Nos mains jointes en esprit faisant la ronde pour toujours

Comme dans une cour d'école

 

Que tout ce qui avait changé en nous, que tout ce qu'elle avait

Bouleversé resterait comme un indétrônable

Triangle d'azur immaculé posé sur l'horizon

Là où l'amour fait des vagues

Là où naît la mer et chante la sirène qu'elle a enfantée

 

Nous l'avons serrée dans nos bras et dans ses cheveux

Nous avons respiré comme un parfum d'ambre de résine et de jasmin

Quelque chose de brûlant et d'émouvant

Comme dans la clarté d'un vitrail où la divinité bénit

 

Lorsque montait l'odeur d'encens de l'église de mon enfance

Ce jour où les cierges et les fleurs m'ont appris

L'incroyable nouvelle que ma mère avait regagné

Sans moi l'Éternité

 

 

 

6.

 

Elle a fait signe avec ses mains d'amoureuse

Et son visage souriant de jeune femme aimée

La fenêtre ouverte sur la nuit s'amenuisait

Au-dessus des trottoirs luisants

 

Qu'importait ! Qu'importait !

Sa désormais vivante image ainsi qu'une icône d'or

Brillait vibrante au fond de nos cœurs

 

L'humanité, l'amour des femmes et des filles et des fils !


La blessure du monde était refermée !

 

La nuit ne pouvait plus nous atteindre.

 

 

 

Nuit du 29 au 30 octobre 2011

 

 

 

 

 

 

 


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