UN OISEAU VERT
Il y a peu, j'ai lu un poème qui parlait d'un enfant tenant un oiseau vert. Un enfant dont la tête était farcie d'histoires de boucaniers entremêlées comme les gréements des goélettes et les lianes qui enserrent les idoles aux grimaces d'or des cités perdue...
Qu'on me laisse rêver ! Que l'oiseau vert raconte les voilures en train de s'enfler sous le vent des archipels empanachés d'arbres pourpres et de cactées venimeuses, l'aboiement des chiens sauvages sur les grèves, les carcasses ensablées des barcasses et des squelettes dont n'émerge que l'alignement des côtes,
Les cuivres polis qui piègent les araignées du soleil sur les bois au vernis encrassé de patine, les échos des criailleries d'abordages sabres par dessus têtes des forbans pieds nus comme singes accrochés aux échelles de cordes des haubans !
Ce coquillage gros sur la plage abandonnée c'est mon cœur que ramassent les vahinés, jouant à y entendre un moment l'infini ou pointe de nacre entre leurs lèvres trompettant et dansant courbées par mille éclats de rire,
Jusqu'à le rejeter en le découvrant vide ainsi que l'illusion dont s'enchante le monde que l'homme s'est créé... Et il reste rouge et gros comme devant sur la plage ensanglantée par le couchant qu'arpente éternellement
Un enfant que je fus et qui tient sur son poing bavard un oiseau vert.