SIESTE D’UN JOUR D’ÉTÉ
À force d’errer comme un spectre à travers les espaces aux parfums aromatiques - thym aloès myrrhe encens - du Septénaire
Tout en prêtant l’oreille aux bourdons occupés dans un bruit de compétition automobile à passer leur rage sur les fleurs qui étoilaient innocemment les hautes herbes
Fatigué je me suis comme Tityre allongé «sub tegmine fagi» La fraîcheur tombait des frondaisons et s’évasait en une mare d’ombre bleue sur le pré pentu
De temps en temps la brise apportait par bouffées le tintement d’une ou deux clarines lorsque rousses leurs yeux aux cils andalous fermés sur un rêve atavique
De Commencement du Monde conforté par la chaude odeur des bouses à demi-couchées en contrebas hors de ma vue les vaches-mères secouaient leurs cornes
Afin d’en chasser l’accablant disque du soleil qui se dispersait aussitôt en essaim de mouches dorées tandis qu’en plein azur un faucon jetait un cri circulaire
Veillant sur l’adret avec l’oeil sévère d’Horus Et moi sous les ombrages allongé de tout mon long dans le frais de l’éclipse je somnolais comme un poignard dans l’eau bénite
Prêt a frapper d’une cadence alexandrine en vieil aède pervers que je suis cette beauté de la nature qu’un désir amoureux m’empêchait de laisser à sa splendeur.