«Rivière profonde»
Moi, Vaï-Nui, qui ai pour totem le dauphin, je suis dépositaire des ondoiements qui traversent les choses. La vague qui soulève la transparence du langage. La cadence alexandrine où se vautre la mer. Le tremblement qui fait frissonner les étoiles.
Depuis des temps immémoriaux le Douze m’accompagne : le Trident multiplié par la Vérité, selon les grimoires cireux dont le vent tourne les pages. (Billevesées ressurgies de l’abîme, épaves draguées par une profonde tempête et drossées au rivage !)
Cependant, je respecte mes maîtres, de même que l’arbre, le bûcheron. Et j’inclus dans l'ambre que je pleure les figures de l’instant comme des insectes, d’espèces à jamais disparues, et dont le filigrane émerveille les curieux davantage que des joyaux.