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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 08:48

 

Dans trois ans...

.

Que cela sera joli -  ta petite tête au yeux étonnés

dépassant à peine du haut pré fleuri d'ombelles blanches

lorsque nous irons explorer le monde ensemble

Toi flageolant encore sur tes courtes jambes potelées

.

Tu questionneras sur  le chat furtif agitant la foison des tiges

Sur la perdrix qui jaillit sous nos pas en faisant ronfler

lourdement ses ailes (et je t'aurai vu tressaillir et suivre

l'essor fasciné de l'oiseau) Sur telle pierre ou tronc coupé

.

Sur les fourmis longeant la rivière à la queue-leu-leu

si minuscules et – pourtant – pleines de jambes filiformes

Ton doigt désignera la poire verte qui – ploc ! - a sauté

dans l'eau et moi de tes étonnements je ferai mes délices...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Explosion

.

J'anticipe déjà l'immense déflagration de joie 

que sera pour nous - tes ascendants surpris -

le fait d'assister à ton premier éclat de rire

spasmes de bonheur de ton corps tout neuf

.

Il sera sans nul doute communicatif par réaction

en chaîne emportant l'assistance dans un mouvement

capable d'enfouir nos angoisses sous son insouciance

donnant un instant l'illusion que vivre n'est pas tragique

.

Jadis il me fut donné d'assister à celui de ton père

Et je sais par avance Ezra comment retentira le tien 

Ton rire sera net comme un cristal Puissant et frais

comme une avalanche décrochée d'un sommet inviolé

 

 

 

 

Variations ascensionnelles

.

Ce serait sous le haut couvert des pins où le ciel frissonne

Nous observerions comme entre ses mains fines l’écureuil

sans cesse actif tourne la pomme écailleuse qu’il décortique

Des mains petites comme sont tes mains de nouveau-né

.

Ce serait devant la haute mer dont le matin verdit la vague

Nous écouterions le cri des mouettes qui traversent nos regards

en batifolant libres parmi les nuées d’un étage à l’autre de l’été

Des cris un peu plaintifs légers comme un vagir de nourrisson

.

Il y aurait la montagne aussi quand elle éclaire de ses neiges

les soirs dorés par la lueur déclinante du dieu Je t’aurais transmis

le goût du pur effort de roc en roc et du monde vu d’en haut

quand îlot le sommet perce les blancheurs d’une intangible mer

 

 

 

 

 

.

El sonido de la kena

.

Si vient le jour où tu sois assez grand et moi-même assez

vivant Ezra je te jouerai sur la kena des mélodies venues

du fond des âges et jadis reçues d'amis d'un autre siècle

Elles t'apprendront sans doute comme à moi la nostalgie

.

Ce sont chansons d'un peuple qui n'eut d'autre loisir

que de cramponner sa terre ingrate et de résister sans fin

sur de haut-plateaux cernés de monts enneigés et de pauvreté

Un froid glacial y transissait les vigognes de l'août sur l'étendue

.

Ils habitaient des masures en glaise pourpre desséchée

Au jour le jour broyant les grains d'une sombre lumière

Ils vivaient en s'aidant d'un alcool mûri de salive édentée

Et pourtant ils savaient tournoyer en des fêtes multicolores

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Jalousie élémentaire

.

Au vent j'ai dit qu'un petit fils m'est né aussi délicat

et précieux qu'un fin coquillage rose porcelaine

Le vent m'a dit je ne peux rien pour toi sinon

te souffler un poème et il a vitement passé son chemin

.

À la mer j'ai crié par dessus la rumeur des vagues

qu'un petit fils m'était né Elle m'a ressassé de sa gorge

pleine de galets que ce miracle n'était pas rare

et que les humains sont l'écume de l'univers

.

Aux échos de la montagne j'ai fait redire qu'il m'est né

un petit-fils gracieux fort et léger comme fleur d'edelweiss

Ensemble ils m'ont répondu qu'il n'y avait pas à en faire 

tout un plat J'ai ri de ce que me jalousait la terre entière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Insulaire

.

Né donc au sein d'une cité lointaine au bord de l'océan

te voici l'enfant d'une île et cette idée au fond me sourit

Tu auras des prunelles aux iris changeants comme les nues

de ton pays où pluie et soleil constamment se disputent

.

Tu parleras la langue du monde au point – je l'imagine -

de ne jamais pouvoir comprendre les poèmes dont tu es

le si joli prétexte Car déjà mon enfant la langue que je parle

est une langue morte obscure à mes contemporains

.

Cela n'a guère d'importance au demeurant puisque tu seras

aimé par ceux que j'aime et qui dureront heureusement

plus longtemps que moi Et confusément parfois te reviendra

l'image d'un très vieil homme dont tu ne sauras plus le nom 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Surrection

.

Je t'ai regardé longtemps dans tes langes cette première fois

davantage pétrifié d'être soudain grand-père que je ne l'avais été

d'être père jadis Le silence était de loin en loin troublé par les cris

des mouettes en maraude qui venaient du port aux beaux voiliers

.

Je t'ai regardé longtemps Ne crois pas que c'était pour chercher

les traits d'une quelconque ressemblance ou profil héréditaire

Non Seulement pour prendre conscience de ce que les années

m'ont appris De cette sorte de minuscule prodige qui jamais

.

n'a d'équivalent L'infime présence neuve incomparable avec

déjà ce regard inouï qui ne mettra que trois jour pour fixer

les choses et ces yeux qui plantent dans les nôtres d'un coup

l'impénétrable profondeur d'un Jugement encore inaltéré

 

 

 

 

 

 

 

.

Présomptions

.

Que je serais heureux Ezra lorsque tu auras un an ou deux

si tes petites jambes te pouvaient déjà tenir en équilibre 

à la surface de notre planète – d'avec toi marcher dans un champ 

tapissé de fleurs claires sous les oliviers Tu regarderais

.

l'éclaircie de ciel bleu entre les frondaisons et vaguement

tu te souviendrais d'avant ta naissance lorsque tu n'étais 

qu'un éclair de fusion dans les regards de tes parents 

Une secrète lueur mauve irradiant d'attraction magnétique

.

En te regardant je comprendrais J'aurais moi-aussi comme un rien 

de nostalgie du temps où jeune père en promenade je serrais

l'étroite main d'un enfant d'autrefois qui te ressemble tant

et fait de ma mémoire le paradis caché de séquences inoubliées !

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Mysterraqué

.

Peut-être Ezra parlerons-nous un jour ensemble de la vie

Tu me diras d'une petite voix nette de little boy des choses

analogues aux réflexions saisissantes et drôles que me faisait

ton père au même âge Car enfant l'on discerne encore sans

 

.

le savoir ce qu'a de saugrenu et chaotique un réel devenu

- pour nous les vieux - terne falot banal insipide incolore 

en somme habituel Ce sera comme la brise au point du jour

qui tire au clair tout l'espace que recense sa verte lumière

 

.

Ou comme après la pluie qui féconde les arêtes et les ombres

Qui rend aux ocres des falaises leur vivacité Qui surprend

les plantes et les lave et leur rend leur forme inexplicable

à quoi chacun s'étonne de se reconnaître en plein mysterre...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Urzeit

.

Il est le père Il tient dans ses bras le fruit de son émoi

L'enfant léger pourtant si lourd de conséquences

déflagration d'avenir monstre de fragilité robuste

dernier maillon d'une chaîne de survivants qui remonte

.

au-delà des aurochs des tigres à dent de sabre des ours géants

au-delà des premiers dinosaures des poissons primitifs

jusqu'à la prime étincelle de vie étonnée d'exister soudain

sous forme de microbe auprès d'un fumeur noir océanique

.

À présent que te voici - bambin Ezra - tous nous mourons

un peu moins Tous nous te regardons comme on suit qui vagit

en s'éloignant d'un vol serein vers l'horizon la mouette de la lumière

car ton petit corps emporte un fragment de nous tous vers demain

 

.

 

 

 

 

Langage d’oiseau

.

Sur la maison passent mouettes pies heures ou nuages

Un clignement de soleil éveille le feuillage de cristal

près de la porte d’entrée que justement toquent des visiteurs

Il viennent voir le bébé gigoteur et mesurer la merveille

.

C’est une fleurette dans un champ caressé par le vent

Un bourgeon à peine poussé de sa branche et qui désire

inconsciemment devenir branche à son tour Appeau vivant

il s’entraîne à de petits cris d’oiseaux assoupis

.

D’ici quelques années je t’imagine Ezra tendant le doigt aussi

pour qu’un oiselet l’agrippe de ses pattes frêles Vous vous

regarderez l’un l’autre avec curiosité Peut-être même avant

qu’il ne revole aurez-vous échangé quelques mots flûtés

.

dans cette langue primordiale qu’aujourd’hui j’ai perdue…

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Conversion

.

Vieillard amer voici que j'avais commencé à détester

l'univers entier – qui le mérite bien faut-il le rappeler -

puis Ezra Flynn tu m'es apparu Le monde a basculé

dans la lumière d'une indulgence insolite pour moi

.

Quel talent cette petite enfance pour changer l'hiver

en tiédeur printanière avec partout des roses et des lis

Ce qui nous semblait mièvrerie se change en simple élan

de tendresse Les pleurs discordants – en joyeuse chanson 

.

Même ton regard sévère de nouveau-né me fait sourire

Tu fronces tes sourcils comme un qui peine à identifier

le décor et les gens fort différents des agréments du Paradis

lequel pourtant avec ta présence s'acclimate parmi nous 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Échange

.

Gracieux garçonnet attendu comme il me plaît de voir  

avec quelle tendre force ton père te prend dans ses bras

Toi qui n'est encore qu'un poids plume – petit coq !

Un flocon de douceur endormie et tout auréolé d'amour

.

On dirait que tu t'es posé comme un duvet de neige

ici-bas Hier personne Aujourd'hui dans l'osier du nid

le miracle aux paupières closes qui respire sous le linge

immaculé Petite vie prodigieuse d'assurance et de sérénité

.

Je tends mon doigt à ta menotte et tu l'agrippes en dormant

et c'est une telle humble merveille que ce geste de l'instinct

par lequel déjà tu t'empares - toi mignon somnambule aimé -

de ce qui s'offre à toi pour que tu l'aimes à ton tour !

 

 

 

 

 

 

.

Ombre et lumière

.

Il faudra bien un jour – enfant de mon enfant -

que je t'apprenne un peu qui sont les bons et les méchants

comme je l'enseignai jadis à l'enfant qui fut mien 

et dont tu viens de faire un père sans me consulter

.

 

Mais le plus tard possible afin de laisser une chance

à ton bonheur parsemé de sanglots encore à ton échelle

Il sera bien assez tôt venu pour toi le temps de découvrir

la perspective et d'aller de ton regard pur chercher dans les lointains

 

.

tous les affreux secrets que cèle la planète Autant d'histoires  

et drames hérités qui ne partagent rien avec le pacifique azur

...Qui sont les bons et les méchants – car à la fin il faut

bien appeler un chat un chat et connaître la vraie justice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emotion nue

 

 

Trois petites filles dansent dans Chaplin Road

Elles portent de longues robes roses piquées de fleurettes

Et s'exercent ensemble à des figures compliquées

Qu'interrompt par moments une légère averse

.

Les voix des fillettes parlent un dialecte du sud de l'Inde

Ezra dort dans son berceau Parfois il sourit aux anges

d'un sourire énigmatique de petit Bouddha

Haut comme trois pommes en lui le mystère de l'univers

.

Quelle puissance inexplicable cette enfance si petite

Et sans armes autres que son sourire et ses larmes

Elle se joue de nous avec une aisance magnétique

En activant au fond de nous un invincible lien d'amour

 

 

 

 

 

 

 

 

Averse à Heron rd.

 

 

La voix du nouveau-né à l’étage monosyllabe de cristal

Alterne avec l’autre voix douce apaisante et ferme de sa mère

Dans les vases sourient les fleurs en silence étamines en avant

Il faut que le petit découvre au plus tôt les beautés du monde

.

L’averse par instants colle sa face larmoyante à la fenêtre

Curieuse de savoir à qui appartient ce dialogue originel

De son berceau le nourisson cherche quelle inconnue présence

Fait contre la vitre ce cliquetis d’ongles limpides qui éclaire

.

Oreille minuscule coquillage Cheveux fins sur ce crâne poli

comme des algues par la mer collées sur un beau galet rond

Vagissements rythmés comme ceux des ondins de l’écume

Ainsi qu’il sied à celui qui est désormais le dieu de la Mère !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passage du témoin

 

Joli bébé vêtu de vert ainsi que le printemps

Tu t’essaies la voix tandis que Mozart déroule

tout bas près de ton berceau sa chansonnette au piano

Et le soleil cligne de l’oeil entre deux cheminées de briques

.

couronnées en dents de scie comme à la fête des rois

Toutes les maisons du quartier semblent s’être coiffées

de ce même ornement en ton honneur Elles savent

Fort bien que c’est toi Ezra Flynn l’héritier de nos songes

.

Et spéculations fantasmatiques sur l’avenir C’est toi

qui relances l’espoir de vies que l’inattendu avait désertées

Toi la graine d’un bonheur immense effrayant et fragile

qui serres mon index comme s’il pouvait t’en montrer la route

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paysage maternel

 

Sous le feuillage de cristal en lequel se joue le soleil

mère et enfant communiquent par ronronnement doux

de visage à visage cheveux pendant en avant jusqu’à

l’épaule du bambin en contemplation extatique

.

Ce que consultent ses yeux c’est l’humeur du paysage

que sont pour lui les yeux le menton le nez les mèches

à portée de mains pinces miniatures qui agrippent

par surprise avec la force du vespertilion somnenvolé

.

Pourtant elle aime, Ezra, tous tes incertains caprices

Un sourire de toi lui fait bondir le coeur - plus tard

chaque mot que tu lui diras s’y déposera pour toujours

Car c’est ainsi que sont terriblement faites les mères

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Encore un matin

.

 

                                                    pour Cassie

.

Lenteur pour l'innocence aiguë de ton regard - Ezra

Comme en un film au ralenti Comme en songe

à mes gestes prudemment je tiens la bride

pour ne pas risquer de t'effaroucher 

.

Quelque mystère en ton sourire à demi-dormant

m'apaise On dirait une bombe qui aurait promis

de n'exploser que dans très très longtemps Ma main

sent que bat une minuterie dans ta poitrine frêle

.

Ta respiration infime est une musique tranquille

Tu es serein comme un qui se sait bien aimé

Autour de ton sommeil le petit-jour chuchote

À te contempler s'attardent au ciel deux ou trois étoiles...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Obsolescence

.

Si le loisir Ezra m'en est laissé je te dirai

un jour combien notre monde fut différent  

Les colombes arpentant les tuileaux de mon village

Aux champs l'appel exquis des pruniers sauvages

.

Les hautes cannes vertes qui nous protégeaient

nous amoureux des regards tristes et réprobateurs

tandis qu'au clocher de fer forgé sonnait six heures

et qu'au ciel les hirondelles criaient de bonheur 

.

En ce temps-là le soleil régnait sur le pays des origines

Les rues n'étaient que sourires et que signes d'amitié

Respect aux cheveux blancs respect au patois provençal

Et les jours de marché pour nous étaient des jours de fête... 

 

 

 

 

 

 

.

Allegretto vivo

.

D'un bref cri de chaton te voici affirmant ta vie

Ezra Deux mains sur le visage tu t'assoupis

En toi tout en détails est délicieuse miniature Ongles

minuscules de nacre transparente Doigts gracieux

.

et comme nonchalants Bras ronds et grassouillets

Mignon corps qui gigote comme une grenouille

qu'on a mise sur le dos et qui cherche son étang

intangible désormais Et ces moments d'une voix

.

Une voix qui sait qu'elle n'a pas besoin de dire

Qu'une claire syllabe encore animale suffit et qu'alors

des puissances familières vont venir à la rescousse

de tes désirs de nourrisson et de tes impensables rêves.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Ezra – après vingt-quatre heures

.

Petit gémeau Petit fruit rose et souriant de tant d'attentes

si patiemment entretressées entre deux mondes 

te voici donc Et voici que chacun s'extasie au moindre

geste de ces doigts que tu découvres Au moindre bâillement

.

arrondissant comiquement ta bouche et te fermant les yeux

Les vieux sur ton visage scrutent des invitations à l'espérance

Les plus jeunes détaillent les indices indécis de ressemblances

Tu rayonnes dans la simple gloire qui fait la beauté des mères

.

Bonjour à toi de la part de l'Humanité Tes pareils te saluent

Ils savent en quel chemin de fleurs de pierres et de braises

aventuré tu vas devoir comme on dit couler désormais tes jours

Des jours qui suivront celui-ci et seront doubles comme toi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Avant toute parole

.

Quels tours utiliser pour parler de l'enfance à peine

irrompue avec ses mains minuscules et potelées

en ce bas-monde visqueux à force de mystère 

Un cri bref lui suffit mais ne nous suffit plus Il faut

.

pour nous un plus long souffle Un courant de phonèmes

variés et miroitant comme en secret de l'énergie du poème

Il nous faut un delta composé des discours les plus divers

afin qu'existe pour nous l'Autre et qu'on existe pour lui

.

Oh de nouveau habiter le regard de cristal de l'enfance

Revoir la merveille du monde à l'envers et ces visages

penchés vers moi qu'auréole un azur d'une telle envergure

qu'en poussette on pressent ce qu'un jour on va nommer infini !

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Dix minutes après

.

Joli petit dormeur qu'encore ta mère veille    

lorsqu'on te parle tu miaules comme une mouette

et te rendors aussitôt parmi les nuages de ton paradis

à tire-d'esprit filant à travers l'espace de tes rêves

.

Qui peut croire que tu serais absent lorsque tu réponds

grâce à ce puissant inconscient qui déjà s'est attelé

à la tâche de créer un monde avec tes sens nouveaux

favorisée par le magnétisme de l'amour qui te cerne

.

Mignon centre de ton univers déjà tu cherches le site

d'où s'écoule la vie généreuse abondante et tiède

qui te porte et te nourrira de sa violente tendresse

jusqu'à te reconnaître assez grand pour happer au vol

- les pieds campés solidement sur Terre - d'autres rêves.

 

 

 

 

 

 

.

À toi songeant, Ezra...

.

À toi songeant, Ezra, un champ de marguerites sous les oliviers

m'apparaît. C'est irrationnel comme tout ce que je sais qui durera

plus que moi-même. Toi aussi peut-être iras-tu voir à Olympie

le printemps, ou bien à Corfou, l'île émeraude où l'on est heureux…

.

J'espère qu'en ton temps les splendides ruines existeront encore.

J'espère qu'il y aura un monde et qu'il te semblera, toi qui n'auras pas

connu le mien en train de sombrer dans les profondeurs de l'histoire,

aussi vivable qu'il se peut lorsque, homme fait, nous échoit un rien

.

de bonheur, une frimousse rose à peine éclose dans ses linges clairs,

endormie entre les bras d'une mère étonnée, avec sur son visage 

l'invisible immensité d'aimer que seule l'expérience d'un regard 

qui a longtemps fixé la face de sa mort peut fugacement déceler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

.

Sentences pour Ezra

 

.

Il redoutait qu'en sa flûte de roseau la vibration de vie qui portait la mélodie ne s'éteigne. C'était un frémissement qui avait survécu depuis le temps de Saxahuaman, le temps des guerriers farouches aux oreilles d'or. Certains instruments vous apprennent l'âme d'un peuple.

 

*

 

Je crois à l'humain lorsque la pensée est floraison spontanée de la nature humaine, non l'effet d'un échafaudage artificiel déserté par l'émotion.

 

*

 

Un philosophe qui ne serait pas fondé sur un poète, qu'il soit en lui-même ou extérieur, ne saurait penser ni utilement ni humainement. (Idem pour un homme de science.)

 

*

 

La foudre est pour le poète la face cachée de l'éternité.

 

*

 

Terroriste, tu crois avoir démodé les roses. Ta faiblesse est de n'avoir pas conscience qu'elles te survivront.

 

*

 

Le poème et le souffle avec le temps se fragmentent. Un seul fragment pourtant suffit pour un esprit pénétrant à témoigner de l'existence d'une civilisation ignorée.

 

*

 

Dis-toi que, tout brisé que tu puisses être, tu n'es jamais que le reflet du chaos qui t'a vu naître. La lumière verticale en triomphera.

 

 

 

 

 

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commentaires

M
Je trouve cet ensemble de poêmes magnifiques, avec une vraie émotion qui vient masser mon corps de parisienne toujours en train d'aller plus vite. Ils m'ont invitée à l'arrêt, à la lecture dela<br /> caresse d'un pétrissage de ces mots. C'est tout simplement beau.
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A
Il en aura des choses à partager et à transmettre à Ezra, ce grand-père là !<br /> Encore des textes superbes et plein d'humanité...
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