Odyssée 7
Comme si ta parole cherchait son orient rêve plus vrai que le réel le cœur plein de fureur rentrée tu prononces à mi-voix « thalassa, thalassa » en grec pour conjurer l’amertume que tu as emmenée avec toi telle une odeur aigre et tenace en quittant la proximité des hommes et retrouver - « thalassa, thalassa » - cette joie un peu triste dont se trame ta vie
La sérénité mélancolique de celui qui n’aurait pas connu l’amour ou n’en aurait connu que la tendresse en des temps oubliés
Une sorte d’Atlantide en ruine aperçue à travers la transparence des fonds que parcourent des raies-mantes au vol paresseux et des bancs de millions de poissons scintillants qui virevoltent autour des colonnes des arches sombres des statues aux ailes brisées des pans de murs fleuris d’actinies entre les doigts desquelles palpitent des clowns jaunes et noirs
Tu rêves que le langage te promène ainsi au gré des courants t’offrant ici ou là au hasard de ses écharpes transparentes la corolle médusante d’un poème un vers couleur de printemps la musique d’une phrase au sein de laquelle respire clos sur lui-même ainsi qu’une chrysalide un embryon de mystère doré.