Mode d'emploi
Prendre le vent dans la blancheur latine, s'appuyer sur sa fuite
pour ouvrir un sillage où, se penchant, la passagère cherche à
entrevoir, parmi le bleu pastel, un reflet de sa beauté...
Qu'on lui offre une île, elle y débarque avec bonheur, s'allonge
nue au bord du friselis de l'eau, sur le sable parsemé de spirales
de nacre. Le soleil cajole ses pommettes de diamant, baise ses
lèvres de corail. D'un rayon insinuant repousse la pudeur des
plis et les ombres intimes.
Rougissante, elle demeure les yeux clos sur les airs vanillés
qu'elle respire. Son nez digne de Cléopâtre hume l'érotisme de
la nature, mếlé d'une forte senteur d'iode arrivant de la mer.
Il faut la laisser ainsi, l'oreille bercée au rythme du ressac s'écrasant
sur la grève, se retirant, revenant, sans progresser. Elle aime le
pétillement de l'écume qui se dissipe en imbibant le miroitement
du rivage.
Somnolente, elle est le centre d'intérêt des pétrels et des mouettes
qui s'assemblent à bonne distance. Elle aime s'imprégner de
l'atmosphère de désir que véhicule la brise, dont la fraîcheur
musquée ranime au fond d'elle la conscience d'être délicieusement
fendue.
Pendant ces heures-là, le marinier solitaire tire des bords au large,
soulevé parmi les crêtes écumantes, les verdeurs où tressautent des
dauphins et plusieurs bancs d'éclairs argentés.