Lui, l'innocent de ses jours...
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D'espaces bleus derrière les haillons grèges des nuées,
d'espaces bleus qui déclinaient jusqu'à la nuit
tant en ai-je connu avec leurs milliards d'étoiles
et pourtant d'entre elles deux ou trois à peine
depuis les talus du rêve ont parfois cligné vers moi
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Périples où j'errais sans ombre tel un soleil solitaire
ou roulais sur le sol désert moi plante sans racines
qui vivais de l'air du temps ainsi que les chardons
du Baragan Et c'est à peine si quelquefois deux ou trois
étoiles ont cligné de leurs cils de lumière
vers moi qui ne faisait depuis longtemps plus d'ombre
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J'étais au profond de mon ciel source et torrent
et diamants et miroirs où passaient des reflets de sirènes
en robes de beauté un instant attifées
croupe arrogante et fente au décolleté des seins vénéneux
Le parfum de leur charme laissait longtemps flotter dans l'air
cent écharpes moirées que j'étais seul à deviner
Leurs voix m'ensorcelaient musique pleine de promesses
de voyages comme celle qui tombe des plafonds d'aéroports
austères imitatrices d'une fictive chaleur sexuée
résonnant en secret de la froide mélancolie des cathédrales
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J'étais et je n'étais pas J'avançais parmi mes douleurs
faux sur l'épaule ainsi qu'un faucheur explore la moisson
Dans chaque épi sommeillait un futur souvenir infime pharaon
comme insecte dans les perles d'ambre d'un chapelet
Et je fauchais et j'égrenais ma vie seconde
après seconde tout à fait comme aujourd'hui
à cette différence près que je me croyais éternel.
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