Le nom d'Aïlenn
Bouffées de caprices empruntés à l'humeur du vent
Cette envie sur la montagne déserte aux buissons épineux
De crier le nom d'un amour en regardant la plaine
Que broutent des troupeaux de brume qui font reculer la mer
A ï, les épines ! - blancheurs dans la plaine,
l e n n en écho !
Voici comme une limace que l'été longe le cimetière
De tes souvenirs parmi lesquels dans l'herbe luit un couteau rouge
Le nom d'un amour A ï l e n n en écho
(Jadis j'aurais écrit «comme une rime à la lumière»)
Il y aurait eu l'écume aux chevilles tel un bracelet d'argent glacé
Pour signifier peut-être qu'on serait esclave de la mer
Esclave en somme de la liberté rêvée à l'horizon par tous ces arbres
Qui ne seront jamais plus des mâts de vaisseaux de haut-bord
Plus jamais des carènes essuyant les aubes et les soirs les nuits les jours
De l'autre hémisphère avec les crachins du sel et les quarantièmes rugissants
Et le mousse à la dunette en plein ouragan crie un nom de bien-aimée
Avec la même ferveur que s'il s'agissait de la Mère de Dieu
En se cramponnant debout au rebord du tonneau
Qui élève à bâbord puis à tribord le cercle de l'horizon
Et tout autour de lui les voiles ferlées claquent au long des vergues
Toute l'enfléchure grince et vibre en-dessous jusqu'au pont
Balayé, relavé par le vertige incessant des houles et quand les embruns
Se dissipent notre regard sur les choses semble avoir g a g n é
E n r é a l i t é comme après l'expérience d'une longue incertitude
Ou encore comme si le retour du beau temps laissait voir
La trace sombre dans la mer d'un fleuve qui ressemble à notre vie
Indigo dans l'azur ou limpidité au cœur de l'immense transparence
Ainsi que le nom d'un amour qu'on crie au coeur de l'Amour
À l'instant d'un naufrage
En écoutant là où la poitrine est chaude et douce
Battre le cœur de l'univers dans le sein d'un être aimé