Hivernales 19.
Ô terribles – terribles hivers
Pour me distraire des longues journées sombres
au long desquelles je m'étiolais
Interdiction de sortir toucher la neige
Les copains criaient dans la rue
en faisant des glissades et des batailles
Mon père me lisait - en traduisant à mesure
de l'arabe - les aventures du poète-chevalier Antar
à travers le désert de Syrie
Je m'imaginais moi-aussi secourant
la veuve et l'orphelin
combattant le Vizir Noir
tandis que les flocons tombaient dru
dans la bourrasque en torsades
A force de les regarder par le carreau
je me sentais monter vers le ciel
comme en ascenseur
J'aimais les contes orientaux
la paix qui régnait sur Bagdad
la parole donnée et la foi musulmane
J'y songe encore
comme à un paradis familier
désespérément égaré dans l'Autre Monde
Je sais aujourd'hui ce que signifie
Islam