8. Dans la chambre
Par la fenêtre de l'infini, un vol d'étourneaux s'enfuit.
Il y a toujours un retardataire, pareil à un dernier
Poème qu'on avait négligé, et qui d'un vol culbuté,
L'air de tomber sans tomber, se roule dans les nuages
Vers la montagne en survolant la pleine lune, pâle
Cadran d'horloge sans aiguilles au ras de l'horizon !
Les yeux hantés de murs aux pierres énormes, de vases
Et de statues finement décorés, de ceintures dorées
Et d'épées, de vignes rouges sur la route de Corinthe,
Depuis la chambre au Divani Caravel, nous regardons
La clarté rose qui s'attarde sur l'Acropole comme
Une limace sur une feuille de “lahano aspro”. Ah !
Que de mélancolie erre à travers les rues ! Les chats
Circulent entre les autos stationnées n'importe où.
Les rues se sont vidées, il fait froid. Les toitures mêmes
Ont l'air de frissonner, tandis que nous, bien au chaud
Dans la grande chambre calme, ici, au coeur de la ville
Dont le seul nom enchante, repassons dans notre tête
Le film enluminé d'une journée amicale et magique...