Amour particulier
Tu n'es pas de ceux qui désertent les nuages
Les dents des morts ne t'effrayent pas davantage
qu'un lot de coquillages
dont la mer a délaissé les rimes
Tu enjambes l'amour cette rivière de miroirs
Dans la nuit son pinceau de soleil t'observe
tels ces phares d'hélicoptères qui suivent
les criminels des feuilletons TV New-Yorkais
Tout t'offre sujet d'interrogation Tout
respire un vent qui sent l'iode et l'avenir
Odeur qui est aussi pour toi celle de l'abandon
Réfugié parmi les sarments ligneux
sous les contorsions d'un olivier vaticinant
tu prêtes l'oreille aux rengaines des constellations
Tu serres contre toi l'épaule de ton rêve
Embrasses ses lèvres mouillées
Goût de crayon d'école à mine de graphite
Respires ses cheveux longs et nus et embrouillés
Tu les peignes entre tes doigts
comme le cavalier la crinière de l'alezan
grâce auquel chaque matin à l'orée de l'azur
il s'ouvre parfumée une sylve dont les sentiers
de loin lui reviennent chargés des nouvelles du monde