Allègre allégorie
De montagne en montagne, il est allé sans savoir
vraiment d’où il venait. Il contournait des statues
assises dans un reste de neige marqué de traces
d’animaux méconnaissables. Le soleil agrandissait
tout, choses vivantes, choses mortes, tel ce peigne
de corail que la sirène utilisait sur le blanc récif
qu’elle appelait, «salle-de-bains», et lui : Scylla...
Que fallait-il sauver ? Que fallait-il laisser perdre ?
Si mouvantes les déferlantes de notre langue, ici, là !
D’un jeu chiffré les dés jetés prolongeaient l’énigme,
(à moins qu’il ne s’agît des osselets de l’Astragalizonte).
Le jour, rongé par un feu bleu que ruminaient les plantes
et festonnaient les vols de mésanges entre les bosquets,
le jour comptait chaque seconde avec nos coeurs...
À chaque pas se déformait, par la fraîcheur, le paysage,
les oliviers paissaient aux pentes en battant leurs flancs
avec la queue pour éloigner les zinzinants insectes.
Elle, en riant secouait ses longs cheveux ambrés...
Et minuscule chaque instant heureux tombait au fond
de nos mémoires ainsi qu’aiguilles de pin que le vent
détache, emporte, et lâche en pluie dans un étang.