40. Nocturne du craquement d'allumette
Entouré d'êtres hyliques affamés d'or noir
Tandis que la nuit tombe, tu médites sur la Vierge de Lumière
Sur son front d'une pâleur d'étoile
Appuyé contre l'horizon et ses mains de nacre
Qui compulsent tantôt les vagues des pins tantôt le feuillage de la mer
Un journal abandonné volète au long de la jetée
Quelques dernières mouettes miroitent dans le ciel
Et des poissons au sein des profondeurs obscures
Eux savent, passent et repassent devant l'Archonte à museau de chien
Qui garde les douze enfers : la pieuvre monstrueuse
Qui terrorisait l'enfance de mes rêves
Eux aussi prisonniers du temps
Dans un désert gris-bleu foisonnant d'iris au-dessus duquel
En suspens tourne sur elle-même une lune immense
« Qui es-tu ? Tu es qui ? » lance un oiseau périodique en plumage de bure
Caché au secret d'un sycomore
« Tu es qui ? Qui es-tu ? »
Te voici funambulant sur la ligne de crête entre deux gouffres
À droite rien n'est vrai À gauche tout est faux
Partout la même nuit le même brouillard de ténèbres
Que perce à peine clignotante et frêle comme étincelle
D'allumette dans une ligne de mire, la flamme de l'âme-sœur
Pur visage aux yeux fermés qui respire à côté de toi.