38. Nocturne du feu
Du feu dont le bois pétillant spithe quelques étoiles
Au plafond noir du ciel,
J'aime les sautes d'humeur, les soudains silences
Cette sorte de tiédeur entre amis une fois la parole achevée
Quand les regards pensifs pour l'hypnotiser
Fixent la lueur de la flamme jusqu'au moment où son reflet
Accepte de venir poser comme sur les photos
Une pastille de phosphore rouge au centre de chaque prunelle
Pour rappeler sans doute à tous qu'homo homini lupus est
Avec un bruissement d'averse une brise flatte l'échine des arbres
Mangés d'ombre évoquant un troupeau de stégosaures
Tous ces millions d'années avant l'invention du feu
Petites silhouettes d'enfants nus à contre-jour de la caverne
Toute la tribu rongeant des os alentour du foyer
Les hommes prêts à bondir sur leurs épieux au moindre
Grognement des profondeurs nocturnes
La nuit des temps telle une allée de sphinx multipliés
Par où nous arrive en sa gloire d'aurore
Sur son charroi escorté de mille phénix comme un bateau survolé par des mouettes
L'Éternité serrant l'infini vagissant dans ses bras.