Orgueilleuse jeunesse
Orgueilleuse jeunesse, avec tes longs cils,
Ta brillante chevelure et ton visage empreint
De certitudes, quand tu passes dans la rue, l'air
Détaché, tout en enregistrant, malgré
Tes prunelles fixées sur un vague horizon,
Les regards furtifs de tous ceux que tu croises,
Sais-tu bien que peu d'entre eux t'envient ?
Ils savent, eux, quels coups la vie, bientôt,
Va porter à tes certitudes, quelles blessures
Les griffes, les invisibles griffes du temps,
Vont infliger à tes joues lisses, à ton coeur
Encore intact, serein comme la nappe d'un étang !
Ils savent comment le vent des passions
Trouble ce beau miroir uni où telle
Une Belle au bois dormant, somnolait notre enfance
Les yeux clos sur son innocence...
Comment le vent des passions la brise
Et l'éparpille en milliers de facettes
De plus en plus incompatibles, à mesure
Que l'on avance en âge : on dirait
Qu'ont été mélangés des puzzles qui figurent
Différents personnages dont chacun suivrait
Un chemin progressivement divergent
De soi, en croyant avoir trouvé le raccourci
Grâce auquel il parviendrait avant les autres
A ce bonheur qui effacerait tout et qui nous laisserait,
Enfin réunifiés, dans ces derniers moments
Où il n'est plus question que de mourir.