Versatiles
L'aurore en frémissant descend dans la rivière
où le soleil s'exerce à lancer des couteaux.
Le hommes du matin lui ont jeté des pierres
puis ont pris le chemin des vignes régulières :
il faut tailler les ceps hérissant les coteaux.
Ainsi sont les humains : c'est bien dans leur manière
d'essayer de briser les miroirs les plus beaux
afin de lapider l'intangible lumière :
quand la Beauté les fuit, leur âme rancunière
se venge en l'accusant d'engendrer tous leurs maux...
Qu'une femme refuse de se laisser faire,
adieu l'adorateur, le soupirant dévot !
La belle qu'ils aimaient n'est plus qu'une mégère,
une putain, une salope aux moeurs légères.
Leur désir se retourne et leur monte au cerveau !
Croient-ils vraiment que c'est faire honneur à leur mère,
parce que leur désir demeure sans écho,
que de honnir toutes les femmes de la terre ?
Croient-ils vraiment qu'ils vont adoucir leur misère
en jetant leurs amours au fond du caniveau ?