16. Nocturne de la chaise vide
Affalé sur mon bureau parmi les papiers je me suis assoupi
Sur mes bras croisés et voici que la nuit est tombée
Sans prévenir et je m'éveille dans l'obscurité
Surpris de découvrir qu'ignorer où je suis est mon état profond
Je pense à la chaise vide dont parle tel poète
Depuis son lointain poème elle m'observe fraternelle !
Puis je pense au poète lui même À ce que j'en sais
À cet art contemporain qu'il a de faire miroiter le quotidien
Grâce à quelques mots bien placés dans ces vers bref qui sont
Si facile à comprendre pout tout un chacun
Puis je pense à tous les poètes qui lui ressemblent
Et aux autres aussi Tous ces autres qui s'avancent dans leurs rêves
Comme nous dans la nuit, nous les exclus de la cité,
Les trafiquants du langage, les bannis de tous poils, les révoltés,
Dont le vent oriente tous les sens et qu'une flamme de sel
Brûle à la façon d'une bizarre Pentecôte
Nous que le vent dans la nuit fait grincer comme des girouettes
Qui ne savent pas à quelle étoile se vouer
Nous qui écrivons avec un hurlement silencieux des choses
Que nous ne parvenons pas à comprendre nous-mêmes
Qui tournoyons à contre-ciel parce que nous ne savons pas descendre
Qui avons ce que nous sommes pour axe autour duquel rayonne
Le vertige d'une existence sans limite
Et dépensons une inutile lumière dans la noirceur glaciale et sans échos
De l'infini