Au large de Lampedusa

Au large de Lampedusa
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Plusieurs triangles d’azur tourbillonnent en arrière
de tes yeux fermés sur des ténèbres que ne dissipe jamais
le jour L’impression d’observer des corps inanimés
plèvres déchirées chair fendues sur l’éclat bleu d’os nus
visages transis de la contemplation pétrifiante de Méduse
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Qui eût pensé à notre mer comme à une nécropole !
Tant de malheureux abusés par le crime et l’avidité
ensevelis dans les linceuls enveloppants des vagues !
Ils sont allés rejoindre par le fond leurs devanciers
des millénaires écoulés Phéniciens Grecs Égyptiens
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Carthaginois Romains Numides Philistins Crétois
dont naufragèrent les nefs surchargées d’amphores
de vin épais ou de blé ou d’huile ou d’épices ou même
de lingots d’orichalque et d’airain ou de vases de verre
Les poissons et les algues veillent sur leur sommeil
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Tandis qu’insomniaque les yeux fermés sur des ténèbres
que ne dissipe jamais le jour – je me tourne et retourne
avec l’impression d’observer plèvres déchirées chairs
fendues sur l’éclat bleu d’os nus les cadavres d’une morgue
aux visages transis par la contemplation pétrifiante de Méduse.
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