Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 15:33

 Le poème affirme la réalité qui se désolidarise de lui !

.

Tu médites sur la réalité, incapable de la définir. Est-ce tout ce qui de l’univers n’est pas dit, ni n’est pas écrit ? Ce qui n’est pas enregistré, re/présenté ? Ou le contraire ou les deux ensemble ?
Ce qui est réel, est-ce uniquement ce qui est perçu, éprouvé, expérimenté ? Alors les illusions seraient du réel, mais encore, qu’est-ce qui n’est pas illusions, mirages, fictions ? Tu discutes sur un micro-événement que tu viens de vivre avec une personne qui l’a vécu avec toi… Et voici que son témoignage diffère du tien, parfois par un écart considérable ! C’est au point que tu as déduit de ce phénomène la conviction qu’il n’y a pas de Réalité, mais des milliards de réalités individuelles non-superposables, parfois approximativement ressemblantes mais à condition de ne pas trop scruter les détails, pour ne pas voir paraître les petites cornes narquoises d’un diablotin ! La seule chose qui est Une, c’est le versant de l’Insaissisable, l’universel Chaos de ce que soutient d’une infinité de façons l’éther odorant de l’Être, présent dans la substance spécieuse de tout ce qui existe à l’instar d’un mensonge ! Autrement dit, de toutes ces choses qui se diluent lorsque l’esprit se focalise sur elles et qui reparaissent avec vigueur juste à côté de ce qu’on a dit ou écrit, dans un ailleurs dont la présence ne supporte pas d’être questionnée.


 

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 12:11

 

Substance du « réel »
.
Feuille morte serrée entre les pages, d’un livre rarement consulté une lettre, écrite sur un papier fragile et raidi, se détache et tombe… L’écriture extravagante attire l’oeil, un relent de parfum éventé se répand, ancien, démodé, mal identifiable.
.
L’encre épaisse et noire décrit de souples trajectoires, complexes, continues, inhabituelles, entrelacées comme tiges de liserons. Ça parle de choses anciennes, complètement oubliées,  de passions défuntes, de rêves évaporés. Une ambiance d’éclipse…
.
Mais aussi, lorsque les yeux brusquement reviennent sur la chambre alentour, sur les meubles que le jour de la fenêtre frappe d’évidence, sur le cendrier qui pue le mégot refroidi et donne envie d’éternuer, sur les lampes-boules en papier de riz, sur les étagères pleines de souvenirs inutiles, 
.
mais aussi, sur le bureau avec sa sédimentation de livres à lire, de papiers divers, avec la tasse à thé japonaise de forme bizarre au flanc calligraphié en sosho de poèmes illisibles, avec la douce Astragalizonte à l’éternel geste d’or, - et l’ordinateur noir à l’affût -
.
quel inexplicable, quel convaincant, quel insondable, quel merveilleusement ravageur
sentiment de  R é a l i t é  !... 


.

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2020 4 16 /01 /janvier /2020 10:48

 
Prose divagante
.
Minuscule cri d’oiseau comme embrouillé dans un rosier, comme empêtré dans un buisson hérissé de fleurs fanées, un minuscule cri pareil au faible appel d’un enfant prisonnier au fond d’une cave, voilà ce qu’il arrive au vieil homme d’entendre – pour peu qu’il prête l’oreille lorsque le vacarme du jour s’est tu, laissant place au silence scintillant des astres.
.
La force de briser les verrous, les cadenas, de défoncer les panneaux des portes, s’est amenuisée ainsi qu’au désert le niveau de fraîcheur liquide, avec les changements climatiques, abaisse lentement ses reflets plus ou moins transparents, jusqu’au moment où tout sera bu par l’ocre des sables et des terres.
.
Les caravaniers qui, contournant les dattiers, s’en approchent avec leurs montures, souvent déçus, reprennent à travers leurs hamadas la course sans fin qui est le lot des nomades, en échangeant à travers leurs fouffes de lin quelques phrases dans une langue découragée. Ils ne laissent de leur passage qu’un foyer éteint où miroite le verre noir d'une flaque en étoile.

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 18:14

.

Neige toujours neuve

.

Pas d’arrière-plan, mur de neige embrumée

espace insonore, une lueur blême ourdit le présent,

seul, frissonnant, à l’odeur d’humus et de voyage

.

J’entre dans le monde à deux dimensions,

je croise toutes sorte d’êtres infiniment plats,

.

les traces que je laisse me ressemblent ou

ne me ressemblent pas selon les jours...

.

Ici les flocons sont un pur agrégat d’étoiles

 

 

 

.

(2000-2020)

 

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 10:43


Avant le jour
.
Dans l’eau saumâtre
au fond de sa barque le pêcheur
.
découvre allongée une sœur 
de la lune – endormie
.
avant le jour

.
Des dauphins argentés au large
entre eux s’éclaboussent
.
(Oh comme ils aiment jouer
avec la ligne d’horizon !)
.
avant le jour
.
Une jumelle de la lune
endormie dans l’eau saumâtre
.
deux petites cornes d’or au front 
et chair de lumière élastique
.
avant le jour
.

Dans l’eau saumâtre une jumelle
de la lune - pâle et nue
.
avant le jour (bien avant le jour !)

 

.

Deux présences
.
Flammes vertes mantes religieuses
(taille mince posture altière)
Immuables comme l’éclair
.
Écorces libres invisibles cigales
(ailes de cellophane cuisses sonores)
le flair du vent vous ignore

 

.
Cycle
.
La petite chouette
Hu hu – hu hu 
dans la nuit
.
L’intelligence
qui appelle 
du fond de l’Obscur
.
Cris lancés 
comme des lames 
vers la lumière
.
Et dehors fuse
du coeur percé
le sang de l’aube

 

 

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 12:07

 

.
Élégie du Plus-jamais
.
Il retournait souvent sous un ciel de poussière
émietter des mottes dans ses mains
Passionnée de clarté la terre provençale 
fuyante et sèche comme une poignée de cigales
s’effritait avec un subtil relent de thym
.
Il n’y avait plus personne pour évoquer
les corneilles de l’avenir dispersées
sur les sillons ocreux des labours disparus
.
Juste une plaque d’aluminium entre deux collines
hérissées de tours où le verre domine
Comment réaliser que c’est toujours la mer ?
.
La vieille à son balcon que tu saluais 
en traversant la grand rue du village 
(devant chez elle un pin généreux en pignons)
est allée depuis longtemps mourir chez sa fille
.
L’église qui sous tes doigts vibrait du tonnerre
des orgues, menace ruine... Le grand portail
est clos, la place et son escalier jonchés 
de cubes de pierre tombés du clocher
.
Comment, oui, comment contourner, 
la stupide nostalgie des années perdues, 
le ruisseau des flûtes de roseaux et les secondes
entre tes doigts filant comme la fleur de sel

.

.
Fue durante la noche...
.
Díle a la luna que venga !

Ce qui ne plaît pas, 
outre l’atmosphère du soir
dont sur les monts la teinte
de thé s’attarde,
c’est mensongère
l’ambiance de sauge 
poème aux grappes d’encre bleue
avec cette moquerie du dernier soleil
sur la tristesse prémonitoire
des oliviers rebroussés gris-argent 
par le vent tiède  – 
Díle a la luna que venga...
Que mi recuerdo se quema -

Les murmurants oliviers  
qui se souviennent de tant de choses

(3/8//2019)


 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 09:58

 

.
Mysticisme ophite
.
Voyageur immobile, c’est par la pensée,
par l’imagination, qu’il fuyait l’ici-maintenant
lieu d’orties, de houx, de ronciers et de détestation…
.
Il enviait ceux qui ont l’insouciance joyeuse,
cette sorte de don de vivre en déambulant
constamment au bord du précipice ainsi
que des équilibriste qui se moquent d’avancer
sans filet pourvu que leur dose d’adrénaline
soit au rendez-vous de la mort - trompée
de justesse…  
.                        Voyageur immobile, sa vie 
ressemblait à un lac de montagne froid et calme
où défilent des vapeurs claires dans le bleu
que viennent quelquefois troubler les caprices
du vent ou des risées d’oies migratrices
auxquelles indiffère la fraîcheur de l’eau…
.
Demain, il sait qu’évidemment le voyage 
au recueil des sommeils immaculés  
prendra fin – du moins pour lui ce sera 
sans regrets vu que sa vie lui aura tout donné 
hormis le presque rien auquel il aspirait :
.
Au coeur de l’infini, ce presque rien qui brille  
d’un orient de perle et que nul n’a jamais
.                trouvé !

 

.

 

 

.

 

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 08:58

Aube amère

.

Sur cette planète de fous

quelle merveilleuse entreprise que d’avoir

tenté de remplacer la folie générale

par les Lumières de la Raison...

Bien entendu cela n’a pas marché ;

on sait depuis longtemps que les rêves des poètes

échouent face à la stupidité des délires humains

comme vagues courant se déchirer sur des étocs...

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2020 6 11 /01 /janvier /2020 15:26

 La onzième interface 
.
Un ostinato des violons du mistral incite en mi
mineur la pinède à rêver d’étendues enneigées
Le ciel vient rompre ses nuages aux arêtes rouges
des hautes falaises que sans succès tente de gravir
la vague qui retombe en blanchissant de rage 
Plus loin sur le littoral se hérisse une collection 
enchevêtrée de bois flottés à l’odeur de poisson
à quoi se mêlent vieux bidons et autres rejets
colorés lambeaux de filets ou fragments de pvc
triturés par le ressac- ainsi que poèmes cent fois 
repris – à la fin changés en choses indéfinissables

 

 

(2009 - 11/1/20)

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2020 6 11 /01 /janvier /2020 13:38

.
Confidentiel
.
L’air ahuri comme la lune j’observe
la communauté planétaire de mes frères
bipèdes Je les écoute Je les respire
Je m‘étonne de découvrir à quel point tous
se mentent y compris les plus soucieux d’afficher
leur sincérité, de faire de franchise règle !
Leurs corps sentent la fleur de serpentaire ?
Pour compenser ils s’aspergent de parfums divers
et se travestissent en fonction des modes
comme s’ils n’étaient personne -
mais n’ont qu’un désir : devenir ce quelqu’un
dont le nom sera gravé sur une pierre
qui le portera bien plus longtemps
que ne l’aura porté  l e  f e u

Partager cet article
Repost0